La petite dernière

• Nadia Melliti
• Ji-Min Park
• Amina Ben Mohamed
• Melissa Guers
• Rita Benmannana
• Razak Ridha
• Louis Memmi
• Waniss Chaouki

Pour son troisième long métrage, la réalisatrice Hafsia Herzi – et comédienne récompensée par le César de la meilleure interprète féminine dans « Borgo » en début d’année – nous propose une adaptation de l’autobiographie de Fatima Daas sortie en 2020, dépeignant le portrait d’une jeune musulmane pratiquante qui découvre son homosexualité lors de sa dernière année de lycée. Ainsi nous apparait Fatima (Nadia Melliti), troisième fille et élève brillante d’une classique famille algérienne aimante qui habite quelque part en banlieue parisienne. C’est à l’école que Fatima se rebiffe face à un camarade de classe gay qui la traite de « lesbienne » : ses tenues vestimentaires noires sans charme et son goût pour le football sont vite associés à des goûts étranges pour une jeune fille plutôt jolie qui semble visiblement attirée par la masculinité. Mais lorsqu’on est pratiquante, comme être sûre de son homosexualité et accepter de faire son coming-out ?

C’est par le biais des réseaux sociaux que Fatima va s’affirmer, d’abord par une rencontre avec une femme plus expérimentée qu’elle, puis par l’attirance qu’elle va éprouver auprès de Ji-na (Ji-Min Park), une infirmière rencontrée dans le centre médical où est suivie Fatima pour ses problèmes d’asthme…

On ne peut que se réjouir de découvrir un film où la douceur règne en maître, notamment dans le coming out plein de douceur et de pudeur de Fatima. Le film – tout public – parle effectivement de nu et de rapports sexuels en détail mais tout est toujours filmé avec beaucoup de sensualité et d’esthétique. Ici, en revanche on ne parle peu ou pas de discrimination sociale, ni raciale – hormis dans cette classe de terminale – , peut-être de façon un peu trop idéaliste. Tous les personnages jouent juste, Nadia Melliti en premier lieu ( on apprend qu’elle a été découverte lors d’un casting organisé lors d’une gay-pride), et c’est vrai qu’elle est souvent touchante. On appréciera aussi la confrontation entre Fatima et l’imam de sa mosquée, qui dévoile combien le régime du patriarcat et la suprématie masculine semblent immuables…

Côté scénario, la seconde moitié du film parait un peu moins crédible et on se demande réellement l’intérêt de nous montrer des scènes de parties auxquelles participe Fatima. Avec quels objectifs, les messages transmis dans la première partie semblant clairs ?  Et Finalement, il manque aussi quelques explications à la rupture/ réconciliation ?

Assorti d’un prix d’interprétation à Cannes pour Nadia Melliti et la « Queer Palm » 2025, « la petite dernière » n’est pas le film du siècle mais se laisse regarder, et interpelle sur le talent évident de Hafsia Herzi derrière cette caméra.