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Janvier 2025: double peine…

A peine débutée la nouvelle année que le monde du cinéma est déjà endeuillé : il y a tout juste une semaine disparaissait à 78 ans un très grand réalisateur américain, David Lynch, qui de fait n’aura tourné en tout et pour tout que 12 longs métrages ou séries télévisées.

Néanmoins il est devenu un réalisateur légendaire compte tenu de l’univers qu’il nous a fait partager, avec des films tels que « Eraserhead », « Elephant man », « Sailor & Lula » (film récompensé par une Palme d’Or à Cannes en 1990), « Mulholland Drive », « Blue velvet », mais aussi la première adaptation de « Dune » … et côté séries « Twin Peaks », avec plusieurs saisons à la clé.

Ce qui a aussi caractérisé David Lynch, c’est également son look d’artiste et de ‘beau mec’, avec sa manière vestimentaire typique d’être tiré à quatre épingles mais en arborant toujours une grande élégance décontractée, caractérisée par ses fameuses chemises signées Agnès.B ! David Lynch n’était pas en fait qu’un simple metteur en scène, c’était un véritable artiste complet attiré aussi bien par la peinture que la sculpture, la photographie ou encore la musique, bref un véritable esthète passionné par tous les arts. Difficile finalement d’établir un portrait rigide d’un tel homme qui détonnait aussi un peu dans le monde du 7ème art.

La seconde mauvaise nouvelle pour le cinéma, dans un tout autre registre, c’est la disparition mardi 21 janvier d’un autre grand metteur en scène – français, cette fois – je veux bien sûr parler de Bertrand Blier, à l’âge de 85 ans. Pas grand-chose en commun entre ces deux réalisateurs bien sûr, l’élégance – peut-être hormis la pipe dont il était coutumier – et la distinction n’étant pas particulièrement l’apanage de son œuvre cinématographique, caractérisé davantage par la liberté à tout crin et à l’irrévérence.

Effectivement, le cinéma de Bertrand Blier a marqué toute une époque et toute une génération d’acteurs, au premier lieu desquels Depardieu ou Dewaere, ou encore Miou-Miou, mais il est bien clair que son film « les Valseuses », présenté à Cannes en 1974 n’était pas du meilleur goût, puisqu’il a suscité un tollé à sa sortie sur les écrans. Bertrand Blier, c’est aussi « Buffet froid », « Tenue de soirée » ou « Trop belle pour toi », récompensé à Cannes en 1989 par un le Grand Prix du Jury, « Mon homme » (1996) où il fait jouer Anouk Grinberg, sa compagne d’alors, ou encore plus récemment « Le bruit des glaçons » avec Jean Dujardin et son cancer joué par Albert Dupontel (2009).

Les adjectifs pour décrire le personnage de Bertrand Blier sont toujours les mêmes dans tous les hommages qui lui sont consacrés : provocateur, misanthrope, misogyne, irrévérencieux, iconoclaste, grivois, dialoguiste hors pair. Roi des bons mots et des punchlines, il faisait bien sûr penser à Michel Audiard et ses dialogues ont souvent déclenché le rire. En revanche, son attitude sérieusement machiste et la façon dont il a toujours traité les rapports hommes/femmes ne sont pas à son avantage, mais plutôt le symbole d’une mentalité d’un autre âge, surtout lorsqu’on pense qu’il a toujours pris la défense de Gérard Depardieu, l’un de ses acteurs fétiches, qu’il a fait tourner 8 fois !

Bertrand Blier vient de retrouver Michel Blanc, qui avait rejoint son univers dans « Tenue de soirée », qui lui a valu à Cannes en 1986 un Prix d’interprétation masculine.

Je terminerai cette chronique en précisant qu’aujourd’hui 23 janvier viennent d’être enfin annoncées les nominations pour les Oscars, dont la cérémonie se tiendra le 5 mars prochain. Et comme on pouvait s’y attendre, le film « Emilia Perez » de Jacques Audiard est nommé 13 fois, ce qui constitue un vrai record pour un film non américain. Et signaler que « The substance » de Coralie Fargeat est lui aussi nommé 2 fois …Cocorico donc !

On reviendra prochainement sur les récompenses décernées, mais avant de terminer, il faut rappeler que le Festival du Film de Berlin 2025 se rapproche, la Berlinale se déroulant du 13 au 23 février prochain !