Queer

• Daniel Craig
• Drew Starkey
• Jason Schwartzman
• Henrique Zaga
• Colin Bates
• Simon Rizzoni
• Daan de Wit
• Drew Droege

Il y a parfois des mots clés qui suscitent de l’intérêt, sans trop se poser de questions : un grand metteur en scène italien tel Luca Guadagnino (« Challengers » en 2023, « Call me by your name » en 2017…), un acteur de premier ordre, Daniel Craig, une sélection en compétition à la dernière Mostra de Venise…Pas besoin d’arguments supplémentaires pour déclencher une envie de découvrir le film, en oubliant même de jeter un œil au synopsis. Voilà donc « Queer », l’adaptation d’une nouvelle signée par l’Américain William Burroughs, publiée en 1985, et qui a pour thème l’homosexualité dans les années 50, sujet très mal vu aux États Unis à cette époque.

Plongée dans la torpeur et la chaleur de Mexico dans les années 50. William Lee (Daniel Craig), un riche écrivain américain, traîne son désœuvrement de bar en bar à la recherche d’une aventure auprès d’un autre homme de la communauté d’expatriés gays. Il essuie des déconvenues jusqu’à la rencontre avec le jeune, mystérieux et séduisant Eugene Allerton (Drew Starkey) …Leur rencontre va constituer pour Lee un véritable choc sensuel et amoureux, malgré un chemin parsemé d’embûches, d’envies inassouvies et de frustrations…

Avec un titre comme « Queer », force est d’admettre qu’on pouvait deviner ce qu’on allait nous montrer. Mais sans exagérer, ce qui est filmé par Guadagnino est rien moins que beau, tant le traitement des clairs-obscurs et la douceur des couleurs font parfois penser à des tableaux, tendance Hopper. En revanche, difficile de suivre la suite du scénario, composé autour de la quête du « yage » par Lee, une ‘plante ‘ aux vertus étranges qui soi-disant augmenterait les possibilités de rentrer en télépathie. Comme -parait- il- dans la nouvelle de Burroughs pour le lecteur, le film emporte le spectateur dans une histoire mêlant voyage exotique, dérive psychologique et réalité, amplifiant le sentiment de désorientation de Lee, alcoolique et grand usager de drogue …Même si on comprend bien sûr que l’œuvre contient une grande part d’autobiographie du côté de Burroughs, côté spectateur on reste plutôt pantois sur cette histoire …

Du côté indéniablement positif, l’interprétation de Daniel Craig qui habite le personnage de Lee, aux antipodes de tout ce qu’il a pu incarner jusqu’à présent, est magistrale. Et c’est essentiellement lui à mes yeux qui sauve ce film étrange, dont pour ma part j’ai eu l’impression de ne pas avoir tout compris.

Signalons par ailleurs une bande originale décalée et détonante !