
Le 28 février à l’Olympia s’est tenue la cinquantième cérémonie des Césars, sous la Présidence de Catherine Deneuve, star qui a assuré son come-back dans une cérémonie qu’elle n’a pas toujours portée aux nues – elle y a assuré il est vrai un service minimum -, cérémonie présentée cette année par le trio Jean Pascal Zadi, Zita Hanrot et Ludivine Sagnier, sur une mise en scène de Cédric Klapish.
Un constat s’impose, c’est « Emilia Pérez », réalisé par le génial Jacques Audiard qui a raflé la mise par rapport aux autres grosses productions de l’année en recevant sept récompenses dont celles du meilleur film et de la meilleure réalisation, et celle de la meilleure musique originale, signée par Clément et Camille Ducol.

L’autre bonne surprise de la soirée, c’est également le triomphe de « l’histoire de Souleymane » de Boris Lojkine, film qui a reçu quatre récompenses, dont le César du meilleur scénario original, le César de la révélation masculine de l’année avec Abou Sangaré, ainsi que celui de la meilleure actrice dans un second rôle (Nina Meurisse) et du meilleur montage. Pour ma part, je pense que Catherine Frot, dans « Miséricorde » aurait pu être une lauréate plus plausible.
Côté meilleur acteur et meilleure actrice dans un premier rôle, on est très content de voir que les Césars ont couronné deux outsiders, tous deux très méritants et ayant tourné dans des films d’auteurs : Karim Leklou, génial de sensibilité et de douceur dans « Le Roman de Jim » des frères Larrieu, et Hafsia Herzi, dans le film de Stéphane Demoustier « Borgo » , parfaite dans ce rôle de matonne dans cette prison de Corse, montrant combien son jeu s’est diversifié et approfondi depuis « La Graine et le Mulet » qui l’a révélée.

Tout cela pour confirmer que les César ont réservé une place de choix aux films d’auteurs qui ont également su séduire le public !
Bien qu’ayant attiré plusieurs millions de spectateurs, sont absents ou presque de ce palmarès : « L’amour ouf » de Gilles Lellouche, mais pour lequel Alain Chabat récupère le César – vraiment mérité – du meilleur acteur dans un second rôle, et puis, bien sûr, « le Comte de Monte Cristo », qui se satisfait de deux César purement techniques, même si amplement mérités.
« Vingt Dieux » le premier long métrage de Louise Courvoisier a été lui aussi récompensé, peut être un peu trop à mon goût. Je lui avais préféré sans hésitation « Un royaume » de Julien Colonna, et aurais de même privilégié l’émouvante Mallory Wanecque de « L’amour ouf » plutôt que Maïwène Barthelemy, dans ce même « Vingt Dieux »
Côté César comme côté Oscar, « Flow », le très beau film d’animation muet de conception européenne, réalisé par Gilts Zilbalodis a reçu le trophée du Meilleur Film d’Animation…C’est un certain consensus de palmarès, car côté Oscars par ailleurs, il est clair que les cinq trophées récupérés par « Anora » ont du mal à passer …sauf si on s’aligne avec les décisions d’un jury qui semble avoir aveuglément opté pour des préconisations dignes de Trump ! Ceci pour préciser à ceux qui n’ont pas vu cette comédie – qui s’est vu décerner la Palme d’Or Cannoise – qu’il s’agit de l’histoire d’une jeune strip-teaseuse américaine qui par intérêt se marie au fils d’un riche oligarque russe… Une œuvre peut être prémonitoire du rapprochement opéré par les Républicains entre les États Unis et la Russie ? On est surtout sidéré que l’actrice Mikey Madison ait remporté l’Oscar de la meilleure actrice, face à Demi Moore (The Substance) ou à Fernanda Torres (Je suis toujours là) …On est également tombé de la chaise quand on a appris que c’est Sean Baker, le réalisateur du même Anora, qui a reçu l’Oscar du Meilleur Film, face à un James Mangold, réalisateur du biopic « A perfect unknown », à Brady Corbet ou Jacques Audiard…
Face à cette étrangeté, on est rassuré de voir que Adrian Brody a récupéré l’Oscar du meilleur acteur pour « The Brutalist », réalisé par Brady Corbet dont le film a reçu également l’Oscar de la meilleure musique et meilleure photo)
Du côté d’Emilia Perez, l’honneur est sauf pour Jacques Audiard compte tenu de toute la polémique qui a dominé ces dernières autour de son actrice principale Karla Sofia Gascon, puisque Zoe Saldaña a reçu un Oscar comme meilleure actrice dans un second rôle, et un Oscar pour la meilleure chanson, comme aux Césars. Côté homme, c’est Kieran Culkin qui a été récompensé pour sa prestation dans le film « A real pain » (pas encore vu)

L’Oscar du Meilleur Film en langue étrangère a été décerné au film du Brésilien Walter Salles « Je suis toujours là »
Désolé de constater que rien ne va plus à L.A, pas que du fait des incendies dramatiques qui ont ravagé l’état en janvier dernier, mais inquiet de voir que la Californie Démocrate nous livre ce genre de surprises.