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Souleymane Cissé et Gene Hackman, en attendant les César…

Le cinéma est doublement endeuillé cette semaine, d’abord avec la disparition du réalisateur malien Souleymane Cissé le 19 février dernier. C’est lui le premier réalisateur de l’Afrique subsaharienne à nous faire découvrir le cinéma du continent noir-africain. En tant que pionnier, il avait acquis en presque soixante ans de carrière une ampleur universelle, jusqu’à être reconnu internationalement en 1987 lorsque son film « Yeelen » (La lumière) a reçu lors du Festival de Cannes le Prix Spécial du Jury. Auteur rare, il signa encore « Waati » (Le Temps) en 1995, film manifeste sur l’Afrique contemporaine, à travers le destin d’un enfant fuyant l’apartheid, puis, quinze ans plus tard, « Min yé » présenté au Festival de Cannes. Ce fut là, aussi, qu’en 2023, il reçut le Carrosse d’Or pour sa contribution exceptionnelle au cinéma mondial.

Plus récemment puisque sa disparition remonte à hier 26 février, c’est la tragique et mystérieuse disparition de Gene Hackman, ainsi que celle de son épouse la pianiste Betsy Arakawa et de leur chien dans leur résidence du Nouveau Mexique qui posent question…Aujourd’hui une enquête est en cours pour en déterminer la cause.

Ce qui est certain, c’est qu’avec la mort de Gene Hackman (à 95 ans), le cinéma américain perd un de ses plus grands acteurs, dont la réputation d’acteur bougon n’était plus à prouver. Arrivé au cinéma assez tardivement et déjà reconnaissable par sa moustache et sa calvitie précoce, c’est à l’orée de la quarantaine que son talent a été reconnu, d’abord par Arthur Penn qui lui confie un rôle clé dans « Bonnie and Clyde ». Au fil des mois et des années, ce physique reconnaissable lui vaudra une place de plus en plus importante au sein d’Hollywood. En 1971 Gene Hackman réussit le tour de force de s’installer dans le paysage cinématographique américain avec un film qui se passe à New York, en plein hiver, qui parle de drogue, de violence, de dépression urbaine. Dans « French Connection » de William Friedkin, il campe le légendaire flic Jimmy « Popeye » Doyle, ce qui l’installe définitivement dans le paysage du nouvel Hollywood. Pour ce film, il remporte l’Oscar du meilleur acteur en 1971.

Il enchaînera ensuite de nombreux rôles dans les années suivantes, notamment aux côtés de jeunes réalisateurs comme Francis Ford Coppola, Martin Scorsese ou Dennis Hopper, qui se lancent eux comme auteurs et osent affronter la toute-puissance des studios. Gene Hackman jouera ainsi sous la direction de Francis Ford Coppola (Conversation secrète1974), et en 1978 donne la réplique à Christopher Reeve dans « Superman » de Richard Donner, mais joue le vagabond avec Al Pacino dans le méconnu « L’Épouvantail » (1973) de Jerry Schatzberg, l’un de ses rôles préférés. Ce seront aussi entre autres « Mississipi burning » d’Alan Parker (1988), « Wyatt Earp » de Lawrence Kasdan (1994) et il enchaînera les rôles jusqu’en 2004.

A noter 1992 sera l’année de son second Oscar : celui du meilleur second rôle, dans Impitoyable (1992) de Clint Eastwood, où il campe un ancien tueur devenu shérif d’une petite ville du Wyoming.

Alors que la date de la Cérémonie des César approche (demain 28 février), sous la Présidence de Catherine Deneuve, on a juste appris aussi que les auditeurs de la célèbre émission de France Inter « Le masque et la Plume » ont décerné leurs prix pour 2025 :

Meilleur Film français : « Emila Perez » de Jacques Audiard

Meilleur film étranger : « Les graines du figuier sauvage » de Mohamad Rasoulof,

Un choix tout à fait en phase avec celui de Bobines&Papyrus.

Reste à savoir qui, en dehors de ces films déjà récompensés, seront les gagnants des César 2025 ?