Jouer avec le feu

• Vincent Lindon
• Benjamin Voisin
• Stefan Crépon
• Maëlle Poesy
• Sophie Guillemin
• Béatrice Pérez
• Edouard Sulpice
• Bruno Rebotini

Prix d’interprétation masculine pour Vincent Lindon à la Mostra de Venise en 2024

« Jouer avec le feu », réalisé par les sœurs Delphine et Muriel Coulin, propose une adaptation du premier roman de Laurent Petitmangin « Ce qu’il faut de nuit » paru en 2020. Le livre raconte l’histoire de Pierre (Vincent Lindon), travaillant souvent de nuit à la SNCF sur le réseau des caténaires qui, veuf, élève seul ses deux enfants tous deux âgés d’une vingtaine d’années. Si Fus (Benjamin Voisin), l’aîné, plutôt dilettante, doit passer un diplôme de métallo dans un IUT, le cadet Louis (Stefan Crépon) étudie avec passion et s’apprête à quitter la Lorraine pour la Sorbonne.

Mais dans l’entourage de Pierre, on constate que Fus semble de plus en plus affilié à des mouvements de l’ultra-droite et à leurs exactions, adoptant un choix politique en totale opposition avec l’éducation humaniste que Pierre a transmis toute sa vie. Avec l’incompréhension, c’est peu à peu le doute qui s’installe dans les relations entre Pierre et ce fils dont il ne parvient plus à garder le contact. Au point qu’un jour, la famille est confrontée à un drame…

Comme dans le livre dont le film est inspiré, la primeur des réflexions porte sur la complexité des rapports sentimentaux entre un père débordé par l’évolution délétère de l’attitude et de la pensée de ce fils qu’il n’a pas vu venir. A quoi cela tient-il, ce jeune adulte quelque peu immature est-il le seul responsable ou bien est-ce aussi la faute d’un père trop naïf ? Quid de la responsabilité de la situation économique difficile locale ? C’est en fait là le point d’orgue de ce film magnifiquement interprété par Vincent Lindon (Prix d’interprétation à la Mostra de Venise), dans ce rôle de père aimant déboussolé par le virage à 180 degrés pris par ce fils Fus, avec un Benjamin Voisin épatant qui prouve encore une fois l’étendue de son talent d’acteur. Alors, un film génial ? Pas tout à fait, car d’abord « Jouer avec le feu » pêche par quelques longueurs qui cassent le rythme d’une histoire qu’on aurait pensé plus dynamique au vu de la bande annonce. D’autre part le pourquoi du choix de l’extrême droite comme tentation pour la jeunesse n’est absolument pas abordé. Autre défaut, le rôle de Louis, le brillant frère cadet aurait mérité d’être plus creusé, d’autant qu’on sait combien les frères ont été proches dans leur quotidien et dans leur soutien moral réciproque depuis la disparition de la mère.

Au total, une demi-satisfaction seulement.