Mon commentaire :

C’est toujours l’enthousiasme qui domine lorsqu’on découvre une nouvelle réalisation d’Emmanuel Mouret, le metteur en scène désormais célèbre pour son talent qui transmet, via ses réalisations depuis toujours, son romantisme et sa sensibilité. Certains diront qu’il s’agit juste de marivaudage en langue bien tournée, et c’est peut-être ce que l’on pourrait craindre lors des premières minutes de ce nouveau film ‘Trois amies’, tant cette voix off en introduction de l’histoire d’emblée semble manquer d’originalité. Pourtant, dès que la caméra se recentre sur le personnage clé de Joan (India Hair), qui semble désorientée et effondrée par rapport à ses sentiments amoureux vis-à-vis de Victor (Vincent Macaigne), on réalise qu’Emmanuel Mouret nous pousse vraiment dans nos retranchements par rapport à l’Amour avec un grand A … Joan partage son mal-être avec ses deux amies proches et fidèles, d’une part Alice (Camille Cottin) qui, quant à elle, semble avoir opté pour des sentiments désormais sans passion avec Éric (Grégoire Ludig) son compagnon de longue date, ainsi qu’avec Rebecca (Sara Forestier), qui affirme sa liberté totale d’aimer à sa guise et gère sa relation avec le mystérieux Monsieur X, un homme marié qui n’est autre… qu’Éric, le conjoint d’Alice !

Au total, certes une nouvelle histoire de couples, de mais accompagnée d’une analyse profonde sur l’inconstance des sentiments. C’est bien sûr un peu théâtral mais les dialogues sont finement ciselés, et la direction d’acteurs tout à fait magistrale. On sourit, on rit, mais on compatit aussi devant la tristesse et les regrets en versant une larme, et on adore aussi toute la bienveillance qui règne que l’entièreté de ces sentiments. Si les scènes communes aux trois amies sont à mon sens un peu trop rares, chaque portrait individuel s’avère particulièrement réussi et réjouissant, avec une mention très spéciale pour India Hair, dont on apprécie la mesure du talent pour la première fois alors qu’elle était souvent ‘condamnée’ à des rôles de second plan. On parie sur un César pour elle ?