A l’heure où toutes les chaînes de télévision lui rendent hommage en ‘bouleversant’ leurs programmes avec la rediffusion de ‘Cuisines et dépendances’ de Philippe Muyl (1993), ‘Didier’ d’Alain Chabat (1997), ‘Mes meilleurs copains’ de Jean Marie Poiré (1989), ‘On connaît la chanson’ d’Alain Resnais (1997), ‘Le goût des autres’ d’Agnès Jaoui (2000) ou encore ‘un air de famille’ de Cédric Klapisch (1996), on ne pouvait pas non plus ne pas lui dédier une chronique sur Bobines et Papyrus…
Le premier constat, c’est que la disparition de Jean Pierre Bacri, souvent décrit comme un « grognon sympathique », qui avait horreur des interviews et des photos et tenait souvent des propos engagés va laisser un grand vide dans le monde du spectacle, que ce soit celui du cinéma bien sûr, comme celui du théâtre…Et que dire de son incontestable talent de scénariste qui lui a valu de nombreuses récompenses ?
En résumé, on rappelle que Jean Pierre Bacri, c’est 40 ans de carrière, 63 films ou séries tournés, et 9 récompenses. Pas mal comme portrait pour un homme complet : acteur, scénariste et dramaturge, cantonné souvent dans le rôle de l’éternel bougon, râleur mais gentil, même s’il s’est essayé à d’autres registres.
Né en Algérie, il quitte le pays et arrive en France en 1962, à Cannes, où il fait ses études. Il monte à Paris en 1976 et commence à suivre une formation de comédien au cours Simon, en parallèle de son travail dans la publicité. Mais d’abord, c’est son goût pour l’écriture qui va le mettre en lumière, avec l’écriture de sa première pièce, ‘Tout simplement’, en 1977, qui sera suivie par ‘Le Timbre’ (1978), puis par ‘le Doux visage’, pour laquelle il reçoit en 1979 le Prix de la fondation de la vocation.
Le cinéma ne rentre dans sa vie qu’à l’aube des années 80, puis son rôle de proxénète dans ‘ Le grand pardon’, d’Alexandre Arcady (1981) lui vaudra la reconnaissance du public.
Au cours de cette décennie, il enchaînera les seconds rôles, dont entre autres celui qu’il incarne aux côtés de Christophe Lambert dans ‘Subway’ de Luc Besson (1986), ce qui lui vaudra une nomination pour le César du meilleur second rôle. Dès lors, le nom de Jean Pierre Bacri ne cesse de se retrouver en haut de l’affiche, pour des films aussi variés que le thriller ‘Mort un dimanche de pluie (1986), le drame ‘ L'Été en pente douce’ (1987) ou des comédies telles que ‘Les Saisons du plaisir’(1988),’ Mes meilleurs copains’ (1989) et ‘La Baule-les-Pins’ (1990).
Dans les années 90, on retrouve le désormais populaire Jean-Pierre Bacri à l’écriture, aux côtés d’Agnès Jaoui, dont il va partager la vie pendant 25 ans mais aussi le talent et l’imagination créative à de multiples reprises. Ce sera l’écriture conjointe de la pièce ‘ Cuisine et dépendances’ (en 1993) d’abord un succès au théâtre et puis adaptée au cinéma, et ensuite un enchainement de réussites et de récompenses : ‘Smoking/No smoking’, ‘Un air de famille’, On connaît la chanson’, ‘ Le goût des autres’, qui vaudra au couple Bacri-Jaoui de remporter respectivement les César du meilleur scénario en 1994, 1997, 1998 et 2001, puis en 2004, c’est au tour de ‘Comme une image’ d’être récompensé à Cannes par le Prix du scénario… De plus, hormis pour ‘Smoking/No smoking’, tous ces longs métrages sont également interprétés par l’inséparable couple.
Depuis lors, Jean Pierre Bacri a choisi un registre un peu différent, en participant aussi bien à des comédies qu’à du cinéma d’auteur et des films de jeunes réalisateurs, tels la comédie dramatique ‘la vie très privée de Monsieur Sim’ de Michel Leclerc, film pour lequel il est cette fois nommé pour le rôle du meilleur acteur.
Après ‘Le sens de la fête’ d’Éric Toledano et Olivier Nakache (sorti en 2017), film dans lequel il interprète avec son brio habituel le personnage original d’organisateur de mariage, il fera de nouveau partie de la distribution de ‘Santa & Cie ‘ d’Alain Chabat, puis ce sera l’écriture de ‘Place publique’, dernière collaboration avec Agnès Jaoui dans lequel il jouera le rôle d’un présentateur en déclin, et enfin ‘Photo de famille’ de Cécilia Rouaud, toujours en 2018… C’est finalement le cancer qui l’aura emporté le 18 janvier dernier. Et en ce jour, on n’a clairement pas envie de sourire en réalisant combien il va nous manquer…surtout quand on redécouvre le personnage à travers 10 répliques cultes de sa carrière !
Une fois de plus, la chronique nécrologique s’allonge cette semaine encore avec une autre disparition : celle de l’actrice de théâtre Catherine Rich, épouse de Claude Rich, lui-même décédé en 2017, qu’on a connu notamment pour ses rôles dans ‘la Dame de chez Maxim’, ou dans ‘ les grandes Familles’, et aussi mais plus rarement dans quelques rôles au cinéma, notamment dans ‘ Va voir maman, papa travaille’ de François Leterrier (1978), ‘le moustique’ de Maurice Frydland (1980) ou encore Bancs Publics ( Versailles Rive-Droite) de Bruno Podalydès (2009). Outre les feuilletons télé tels ‘Maguy’ et ‘les grandes familles’ dans les années 80, Catherine Rich s’est réellement fait un nom au théâtre, dans des pièces de Feydeau (2 nominations aux Molière pour le second rôle dans l’adaptation réalisée par Bernard Murat), mais aussi Guitry, Vaclav Havel, Tom Stoppard ou Tennessee Williams. RIP.
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