Mémoires interrompus

Voilà sans aucun doute un livre incontournable pour tout lecteur passionné par le 7^ème art, à la recherche d’informations et d’anecdotes sur le cinéma des cinquante dernières années. Car outre le récit biographique proposé, Bertrand Tavernier nous livre ici ses réflexions sur des sujets très sérieux : la guerre, le racisme, la peine de mort…Il raconte tout de ses rencontres et découvertes mais aussi les anecdotes qui lui ont ouvert les portes du cinéma au point d’en devenir un des réalisateurs français les plus brillants de sa génération. Ces « mémoires interrompus » constituent aussi un vibrant hommage à tous ceux qui ont croisé son destin, ou partagé ses tournages, ses succès et ses échecs : Bertrand Tavernier n’oublie personne, ses proches, compagnes et enfants, ses amis et complices de la première heure, mais aussi tous les techniciens avec lesquels il a collaborés, sans oublier tous les acteurs avec lesquels il a noué des relations amicales profondes.

Pour autant, Bertrand Tavernier n’a rien d’un béni oui-oui : au-delà de ses succès comme de ses échecs, il n’hésite dans ces pages pas à régler ses comptes avec certains magnats de la profession, ni à avouer qu’il n’a pas su créer des liens avec certains acteurs…Dans ce milieu du 7^ème art, force est de constater que Bertrand Tavernier n’applique pas la langue de bois et c’est réjouissant, souvent truculent et sans complaisance.

Petit bémol tout de même : un lecteur qui comme moi est certes passionné de cinéma mais parfaitement novice en matière technologique s’est parfois senti dépassé dans la découverte les chapitres de l’ouvrage traitant de technique …

Et un regret ultime : c’est que ces « Mémoires » s’interrompent au mi-temps des années 80, constituant d’ores et déjà pour cette partie un portrait de la France dénué de nostalgie depuis l’après-guerre, alors qu’on peut être certain qu’il restait à Bertrand Tavernier beaucoup de choses à nous raconter !