Le grand secours

Prix Landerneau des lecteurs 2023

Cela fait plus de 20 ans que le romancier Thomas B. Reverdy écrit, mais « le grand secours », sorti en 2023 est le premier de ses romans que je découvre et qui m’a intrigué puis porté de bout en bout. D’autant qu’au départ, il y a juste le portrait d’une société de la banlieue parisienne, vivant pas forcément dans des lieux qui font rêver quand on découvre l’enchevêtrement ‘monstrueux’ des bretelles et d’échangeurs d’autoroute qui jouxte le lycée au sein duquel se tient l’action du livre. Pourtant, en ce jour froid mais ensoleillé d’hiver, tous les lycéens et collégiens qui habitent les environs doivent se rendre en classe, comme d’ailleurs tous les professeurs qui y exercent. C’est le cas de Candice, la prof de théâtre et de tous ses collègues de toutes disciplines. Mais en ce jour le lycée reçoit la visite spéciale de Paul, un écrivain quadra invité par Candice pour un atelier d’écriture et de poésie…Alors que cette journée semble débuter sous les meilleurs auspices, une banale altercation débute sous la rocade, près du canal…Évènement à l’origine d’un véritable tsunami au sein de l’établissement scolaire et de ses environs, dont on partagera l’emploi du temps de 7h30 à 17h…

Là où le roman fait mouche, c’est que malgré son prétexte de fiction, Thomas B. Reverdy nous dépeint minutieusement mais sans aucun parti pris le profil de ces jeunes issus souvent de milieux défavorisés, dont les racines ne sont souvent pas européennes mais qui ont à cœur d’être intégrés et de s’imprégner de la culture française. En outre, « Le grand secours »’ rend aussi un vibrant hommage au travail de tous ces enseignants, qui parfois en plus de leur travail doivent également utiliser d’une grande diplomatie pour désamorcer toute forme de querelle pouvant virer en conflit inflammable. A leur côté, on repique dans la littérature et la poésie de nos grands auteurs français, étudiées durant  notre parcours scolaire d’autrefois, et une constatation s’impose : ces jeunes, même issus de milieux difficiles, ne sont guère différents de ceux que nous étions au même âge dans leur conception de la beauté des choses, du jugement et de l’amour…Tout dans le roman s’avère poignant, à la fois tendre, drôle mais aussi parfois ridicule, même si le vocabulaire utilisé par ces jeunes est direct et simple, au fur et à mesure des chapitres rythmés par l’horloge du lycée marquant les changements de cours, de profs, les récréations ou les pauses déjeuner…

Cette journée de ‘fiction réelle’ à Bondy restera longtemps imprimée dans nos esprits, entre sentiment d’urgence et mélancolie, découragement et espoir.