13 Jan, 2025

Impossibles adieux

Résumé

Comme un long songe d’hiver, ce nouveau roman de Han Kang nous fait voyager entre la Corée du Sud contemporaine et sa douloureuse histoire.
Un matin de décembre, Gyeongha reçoit un message de son amie Inseon. Celle-ci lui annonce qu’elle est hospitalisée à Séoul et lui demande de la rejoindre sans attendre. Les deux femmes ne se sont pas vues depuis plus d’un an, lorsqu’elles avaient passé quelques jours ensemble sur l’île de Jeju. C’est là que réside Inseon et que, l’avant-veille de ces retrouvailles, elle s’est sectionné deux doigts en coupant du bois. Une voisine et son fils l’ont trouvée évanouie chez elle, ils ont organisé son rapatriement sur le continent pour qu’elle puisse être opérée de toute urgence. L’intervention s’est bien passée, son index et son majeur ont pu être recousus, mais le perroquet blanc d’Inseon n’a pas fait le voyage avec elle et risque de mourir si personne ne le nourrit d’ici la fin de journée. Alitée, elle demande donc à Gyeongha de lui rendre un immense service en prenant le premier avion à destination de Jeju afin de sauver l’animal.
Malheureusement, une tempête de neige s’abat sur l’île à l’arrivée de Gyeongha. Elle doit à tout prix rejoindre la maison de son amie mais le vent glacé et les bourrasques de neige la ralentissent au moment où la nuit se met à tomber. Elle se demande si elle arrivera à temps pour sauver l’oiseau d’Inseon, si elle parviendra même à survivre au froid terrible qui l’enveloppe un peu plus à chacun de ses pas. Elle ne se doute pas encore qu’un cauchemar bien pire l’attend chez son amie. Compilée de manière minutieuse, l’histoire de la famille d’Inseon a envahi la bâtisse qu’elle tente de rejoindre, des archives réunies par centaines pour documenter l’un des pires massacres que la Corée ait connu – 30 000 civils assassinés entre novembre 1948 et début 1949, parce que communistes.
Impossibles adieux est un hymne à l’amitié, un éloge à l’imaginaire, et surtout un puissant réquisitoire contre l’oubli. Ces pages de toute beauté forment bien plus qu’un roman, elles font éclater au grand jour une mémoire traumatique enfouie depuis des décennies.

Informations

Impossibles adieux

Par Han Kang

Année de sortie : 2023

Mon Commentaire

Prix Nobel de littérature 2024

En principe, je suis très intéressé par la littérature d’origine asiatique, qu’elle émane d’auteurs chinois, japonais, indonésiens, indiens, vietnamiens ou autres…Forcément, lorsqu’un prix Nobel de littérature est attribué à une écrivaine coréenne, Han Kang, quoi de plus naturel que de se pencher sur son œuvre ? C’est ainsi que j’ai entamé la lecture de ‘Impossibles adieux’, roman publié en Corée en 2021 mais traduit uniquement en français en 2023. Une histoire étrange mais poignante d’une amitié durable bien que marquée par une interruption temporelle entre deux femmes, Gyeonha, invitée par son amie Inseon à se rendre à son chevet alors qu’elle est hospitalisée à Seoul. Celle-ci s’est sectionnée malencontreusement deux doigts alors qu’elle coupait du bois dans son domicile dans l’île de Jeju et a été rapatriée d’urgence sur Seoul pour une opération adéquate de greffe. Dans l’urgence, personne n’a pu s’occuper de donner à boire à son perroquet blanc qui risque de mourir sans une intervention humaine. Inseon demande donc à son amie Gyeonha de s’envoler pour Jeju au plus vite pour que l’oiseau survive…Mais en plein hiver, les déplacements sont difficiles, et la tempête de neige qui s’abat sur l’île va sérieusement compliquer l’arrivée de Gyeonha au domicile esseulé de son amie…Et là, c’est tout une période particulièrement sombre post seconde guerre mondiale de l’histoire de la Corée qu’elle va mettre à jour.

Si la découverte – au milieu du roman – de cette partie de l’histoire coréenne est passionnante et vraiment glaçante, il faut tout de même avouer qu’il faut au lecteur de la patience pour y arriver. La faute en effet d’abord à un récit qui mêle sans arrêt onirisme et faits réels, évoqués certes dans le détail avec beaucoup de talent, qu’il s’agisse de la description de la tempête de neige particulièrement brillante, ou des actes perpétrés d’une cruauté sans nom. On apprend ainsi que des centaines de milliers de Coréens de tout âge ont été exécutés pour la simple raison qu’ils étaient – ou étaient supposés être – des communistes.

Si l’on comprend bien la nécessité de rappeler à l’humanité cette période particulièrement dure que furent les années 1948-49, en revanche on se perd par manque de connaissances géographiques et historiques sur la Corée qui pourraient servir de repères…Difficile également de mémoriser l’arbre généalogique de Inseon, on se perd aussi dans l’articulation et la succession des générations. A cela, l’ajout d’un flou apporté par le mélange permanent entre rêve et réalité complique réellement la compréhension parfaite de l’histoire et laisse malheureusement un goût d’inachevé ainsi qu’une légère frustration. C’est bien dommage car le texte est souvent très beau, mais le roman aurait bénéficié d’une plus grande clarté dans la narration.

Le verdict

12/20

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