25 Juil, 2025

Convoi pour Samarcande

Résumé

Dans les années 1920, en URSS, la famine fait rage dans la région de la Volga. Le gouvernement soviétique met sur pied des convois d’évacuation pour sauver les enfants. C’est l’un de ces trains que l’officier de l’Armée rouge Deïev prend en charge, avec à son bord cinq cents enfants, qu’il doit acheminer de Kazan, la capitale du Tatarstan, jusqu’à Samarcande. Pour atteindre le Turkestan, terre d’abondance épargnée par la famine, il faut faire un long voyage de milliers de kilomètres à travers les forêts de la Volga, les steppes de l’Oural, puis les déserts d’Asie centrale.
Au cours de ce périple, Deïev et ses passagers rencontrent des femmes et des hommes qui les aident et les nourrissent – héros du quotidien, bandits ou fonctionnaires au double visage. Avec la commissaire Blanche et l’infirmier Boug, il tente de protéger les enfants de la faim, de la soif, de la peur et du choléra. Deïev devra faire face aux fantômes de son passé, aux crimes commis au nom du pouvoir soviétique, et à la cruauté de son pays, pour lequel la vie humaine a si peu de valeur. Par son courage et sa bonté, cet homme sauve des centaines de vies ; en s’élevant contre les crimes de l’État soviétique, il montre un chemin possible vers la rédemption.

Informations

Convoi pour Samarcande

Par Gouzel Iakhina

Année de sortie : 2023

Mon Commentaire

« Convoi pour Samarcande » constitue le troisième ouvrage de la romancière russe Gouzel Iakhina, qui trace sa route d’écrivaine en racontant des pans de l’histoire de son pays. Elle nous raconte ici l’incroyable histoire de ce convoi étrange, dont l’organisation se met en place au début des années 1920. Alors que la toute jeune Union Soviétique s’installe, il subsiste encore en dehors des grandes métropoles de nombreux chefs locaux qui gèrent en toute indépendance des régions entières, entravant le trafic des marchandises, au point de générer notamment dans la région de la Volga une famine qui décime en premier lieu les plus faibles, et donc les tout jeunes enfants.

C’est à Déïev, un officier de l’Armée rouge plus habitué au transport de marchandises qu’au transport d’enfants, que revient la charge de mettre en place de toutes pièces un convoi ferroviaire pour transporter 500 petits garçons et filles récupérés çà et là dans des orphelinats de Kazan , capitale du Tatarstan, pour les emmener en Asie Centrale, à Samarcande, au Turkestan, région qu’on dit épargnée par la famine…Un périple de 15 jours en théorie qui durera en fait plus de deux mois, et pour lequel Déïev va devoir faire face à de nombreux aléas. Assisté par Blanche, la commissaire affectée au transport des enfants, par Boug, l’infirmier et par un groupe de nurses aux profils disparates en charge des enfants durant ce long périple, pour amener ce convoi à bon port, Déïev va devoir faire preuve de courage, de force et d’inventivité, au risque de se heurter au cadre strict déterminé parle parti communiste. Sans compter que la ‘guirlande’ – c’est ainsi qu’est appelée cette immense chenille de wagons accolés les uns aux autres composée de bric et de broc – va rencontrer de nombreux obstacles sur son trajet, d’ailleurs pas uniquement liés à des événements extérieurs.

Si le lecteur éprouve parfois quelques difficultés à avancer dans cet immense pavé pourtant bien écrit, c’est d’abord lors de la constitution du train, dont l’équipement matériel et humain prend du temps à être regroupé. Cela donne certes l’occasion de découvrir le dénuement global dont souffre la région du Tatarstan, mais aussi de nous rappeler combien la planification pour l’encadrement de tels évènements était totalement déficiente.

Pourtant, dès que le convoi s’ébranle, on comprend mieux le rôle affecté à chacun et la nécessité d’obtenir une unité pour permettre à ces 500 enfants – aux noms d’anthologie – d’arriver officiellement à bon port, et on s’attache aussi au quotidien des uns et des autres, avant de mieux intégrer la psychologie des principaux personnages, au point de les rendre tous simplement humains, donc attendrissants malgré leurs défauts. Sans compter qu’on reste à l’affût des ‘surprises’ souvent quotidiennes qui ralentissent le convoi, face auxquelles des décisions souvent drastiques – et parfois risquées – s’imposent. Et le roman historique devient alors un vrai thriller dont l’issue devient de plus en plus improbable.

Il est certain qu’on referme ce superbe roman-fleuve avec une certaine nostalgie, en se rappelant que cette famine et cette misère aux confins de l’URSS ont eu lieu il y a tout juste une centaine d’années !

Le verdict

16/20

Plus de livres

Déserter

Déserter

La guerre, la désertion, l’amour et l’engagement : à vingt années de distance, un soldat inconnu tente de fuir sa propre violence ― et un colloque scientifique fait revivre la figure de Paul Heudeber,..

La vie heureuse

La vie heureuse

« Jamais aucune époque n’a autant été marquée par le désir de changer de vie. Nous voulons tous, à un moment de notre existence, être un autre. »

Kanaky : sur les traces d’Alphonse Dianou

Kanaky : sur les traces d’Alphonse Dianou

En avril-mai 1988, l'affaire de la prise d'otages de la grotte d'Ouvéa, en Nouvelle-Calédonie, s'est soldée par une intervention militaire et un bilan de 21 morts, dont 19 Kanaks.

Ne ratez pas la prochaine chronique : abonnez-vous gratuitement à la newsletter Bobines & Papyrus.