Une enfance allemande : île d’Amrum, 1945 (Amrum)

• Jasper Billerbeck
• Laura Tonke
• Diane Kruger
• Mathias Schweighöfer
• Kian Köppke
• Lisa Hagmeister
• Florentine Panizza
• Detlev Buck

Sélection Officielle Cannes Première – Film vu en avant première Sortie le 24 décembre

Le nouveau film du réalisateur turco-allemand Fatih Akin, dont le titre original « Amrum » se serait suffi à lui-même même en français est une véritable réussite…D’abord parce que son scénario est original : alors que la capitulation du Reich n’est pas encore actée, le film nous offre une ‘vision de l’intérieur’ de la vie de la population allemande à l’été 1945 qui fuit le continent pour s’installer sur l’île d’Amrum, ilot situé au à quelques kilomètres du continent qui vit en quasi-autarcie et parle son propre dialecte…Parmi les habitants, en dehors des autochtones qui n’attendent que le retour de la paix vivent aussi des familles toujours affiliées à la puissance nazie, ainsi que des réfugiés, considérés comme des étrangers… C’est à travers les yeux de Nanning (Jasper Billerbeck), un écolier de 12 ans, fils d’un dirigeant SS que l’on découvre le quotidien des insulaires, essentiellement chasseurs et agriculteurs qui subissent eux aussi de sévères restrictions alimentaires. La nuit, Nanning à son tour chasse et pêche pour aider sa mère enceinte à nourrir la famille…Mais alors que la paix est annoncée, Nanning voyant son monde bouleversé, va devoir faire face à d’autres enjeux personnels pour survivre au déshonneur…

Force est d’admettre qu’il y a très peu de films qui ont traité de cette période d’après-guerre en dehors des documentaires filmant les bombardements alliés des grandes villes allemandes. Ici, c’est à la hauteur d’un presque ado que le réalisateur se place face à cette débâcle qui constituera pour lui un véritable séisme. En tant qu’aîné de la fratrie, Nanning se met par amour en devoir de satisfaire toutes les exigences de cette mère pourtant dure et peu amène dont toute la vie a été dédiée à Hitler, souvent au péril de sa vie. Mais c’est aussi lui le véritable contact entre le monde qui s’écroule et les locaux qui prônent le pacifisme, et qui remettent en question toutes les bases de cette éducation de haine de l’étranger et de complexe de supériorité…

Comme dans un film à suspense, on est littéralement pris au jeu de la réussite – ou de l’échec – de la quête de Nanning pour plaire à cette mère qui le repousse, qui persiste à faire passer son admiration pour la doctrine nazie avant tout signe d’amour maternel…

L’action est de plus sublimée par de magnifiques images de l’île, de la mer et des marées, mais aussi de gros plans de la très riche faune qui rappelle la vacuité des problèmes humains, aussi graves soient-ils…

Un dépaysement garanti assorti d’un éclairage sur un pan historique peu connu de l’histoire récente de l’Allemagne font de « Une enfance allemande: île d’Amrum, 1945 » un grand film à ne surtout pas manquer, qui pourrait valoir à son réalisateur Fatih Akin de nouveaux trophées dans les mois à venir.