Rabia

• Megan Northam
• Lubna Azabal
• Natacha Krief
• Klara Woëdermann
• Maria Woëdermann
• Lena Lauzemis
• Andranic Manet
• Lena Urzendowsky

On apprend qu’il aura fallu pas loin de 8 ans à Mareike Engelhardt pour réaliser ce film ‘Rabia’, bien sûr inspiré de faits réels. Retour en arrière d’une dizaine d’années, alors que le mouvement terroriste islamiste Daech effectue une importante percée en Syrie et en Irak pour fonder ce qu’ils vont appeler le califat.  Via les réseaux sociaux qu’ils alimentent pour appeler au Jihad (la Guerre Sainte), les guerriers de tout poil passent des messages insistants pour recruter partout dans le monde afin d’étoffer les armées, mais aussi incitant les jeunes femmes en mal d’aventure et prêtes à attaquer une nouvelle vie, à se rendre en Syrie en vue de devenir leurs futures épouses et assurer la procréation d’enfants destinés à leur tour à prendre le relais au combat. C’est ainsi que Jessica (Meghan Northam) et son amie Laila (Natacha Krief), toutes deux auxiliaires de vie dans un EHPAD, qui, désabusées, franchissent le Rubicon en espérant le début d’une nouvelle vie. A peine arrivée à Raqqa, elles intègrent une maison de futures épouses, tout cela sous le joug de Madame (Lubna Azabal), qui fait office de directrice à la poigne de fer, mais aux idées clairement assumées…

Il faut préciser que ce film coup de poing n’est pas un documentaire : l’histoire qui est racontée émane des témoignages que la réalisatrice a recueillis des jeunes femmes qui ont réussi à revenir de Raqqa, de cette maison finalement constituée comme un genre de gynécée où les femmes ne sont rien moins que des prostituées bafouées voire battues, qui doivent se plier au joug d’une mère maquerelle sans scrupule. ‘Rabia’ est un film à la mise en scène sobre et efficace qui montre les ravages et les violences de l’intégrisme religieux, avec une impression d’étouffement amplifié par des successions de scènes se déroulant en huis clos…Et qui montre qu’à force d’embrigadement, les victimes peuvent à leur tour devenir bourreaux.

L’interprétation de Meghan Northam est excellente, ainsi que celle de la très grande Lubna Azabal qui joue ici un rôle dans un registre qu’on ne lui avait encore jamais vu tenir.