Mikado

• Ramzy Bedia
• Félix Moati
• Vimala Pons
• Patience Munchenbach
• Saül Benchetrit
• Louis Obry
• Sophie Garagnon

« Mikado » est le troisième long métrage de la réalisatrice Baya Kasmi, pour lequel elle n’est pas associée pour le scénario à Michel Leclerc, au contraire du très bon « Youssef Salem a du succès », déjà avec Ramzy Bedia.

Mikado (Félix Moati) et Laetitia (Vimala Pons) forment un couple un peu particulier, puisqu’avec leurs enfants, l’ado Nuage (Patience Munchenbach) et son petit frère Zéphir (Louis Obry), ils vivent dans un van et sillonnent les routes. Alors que Mikado tente d’échapper aux contraintes du monde actuel et des problèmes plus sérieux, une panne de moteur les contraint à s’installer le temps d’un été chez Vincent (Ramzy Bedia), un prof de français qui vit seul avec sa fille Théa (Saül Benchetrit), elle-même adolescente en recherche de repères depuis le décès de sa mère. Mais Mikado est un homme qui craint la société, et pour qui la stabilité trouvée chez Vincent constitue une menace dans son équilibre psychologique, menace qui s’accentue à mesure de Nuage semble vouloir rêver de vivre normalement…

Avec ce superbe film plein de délicatesse, Baya Khasmi aborde le sujet très sensible de l’adoption, du traitement réservé aux enfants placés en foyer et surtout montre combien pour les moins chanceux d’entre eux il est difficile de se construire une vie ‘normale’.

Sans aller plus loin pour ne rien dévoiler de l’intrigue, Baya Kasmi nous propose une très belle réflexion sur les preuves d’amour, sur le besoin de chacun de choisir son mode de vie, sur l’importance de la préservation de la cellule familiale, tout cela à travers le regard d’un couple qui s’aime intensément bien qu’ayant choisi une vie nomade, et le regard d’une ado à la culture brillante mais qui n’aspire qu’à ressembler aux autres jeunes de la société. Quand on voit la jeune actrice Patience Munchenbach dans ce rôle, il émane de son jeu la fragilité attendrissante d’une Charlotte Gainsbourg ou d’une Romane Bohringer au même âge…Quant aux acteurs incarnant ses parents, si Félix Moati trouve ici un rôle à sa (dé)-mesure dans la peau de cet homme écorché vif en souffrance, Vimala Pons une fois de plus prouve combien son talent rayonne dans ce rôle de mère qui se bat pour le bonheur de son couple et de sa fille. De son côté, Ramzy Bedia dans ce rôle de composition à contre-emploi s’avère très touchant et prouve aussi que sa palette de jeu est bien plus vaste qu’on ne le croyait.

Malgré quelques questions qui restent en suspens à la sortie de la projection – notamment sur les origines familiales de Laetitia et sur ce qui l’a séduit chez Mikado – cette comédie dramatique est globalement brillante et surprend jusqu’à son dénouement. A voir absolument.