L’île des Faisans (La isla de los faisanes)

• Jone Laspiur
• Sambou Diaby
• Itziar Ituño
• Josean Bengoetxea
• Jon Olivares
• Ibrahima Kone
• Aia Kruse
• Rodony Periere

Voilà un premier film qui interpelle : d’abord parce qu’il s’agit d’un film basque – ce qui n’est vraiment pas courant -, mais aussi d’une première œuvre intelligente réalisée par Asier Urbieta qui parle de l’immigration africaine à la frontière entre l’Espagne et la France. « L’île des faisans » existe bel et bien, en plein milieu du fleuve Bidassoa, frontière naturelle entre les deux pays, qu’il suffit aux immigrés de traverser à la nage pour poursuivre leur voyage clandestin vers la France. Ce sont Laida (Jone Lapiur) et son compagnon Sambou (Sambou Diaby) né à Irun mais d’origine africaine, qui vont être confrontés directement à la problématique…

Un soir en rentrant chez eux, tous deux assistent à la noyade en cours de deux jeunes Africains en train de traverser le fleuve, pris par des courants violents. Laida plonge immédiatement, mais Sambou de son côté ne la suit pas… Quelques jours plus tard, apparaît sur l’île des Faisans un cadavre. Qui sont ces jeunes Africains, qui aura la charge de les retrouver et/ou de les identifier, d’autant que cette minuscule île est sous condominium, c’est-à-dire que sa gestion dépend alternativement tous les 6 mois de l’Espagne et de la France ?

Ce premier film de Asier Urbieta est à découvrir comme un véritable thriller, d’abord parce qu’il permet d’être témoin du quotidien de ces immigrés, lesquels sont souvent rattrapés et réexpulsés en Espagne par la police des frontières françaises dès lors qu’ils réussissent à traverser …Mais aussi parce qu’on découvre aussi ici comment ces immigrés sont méprisés par leurs congénères installés légalement, qui ne sont pas prêts à partager leurs acquis. Sans oublier que tous ces immigrés sont attirés par l’Europe dans l’espoir souvent vain d’un jour meilleur, comme des papillons de nuit autour de la lumière d’un lampadaire, sans réaliser le danger auquel ils peuvent être confrontés pour y accéder.

Malgré les maladresses due à un premier film, le jeu des acteurs est très bon – même si c’est un peu étrange de les entendre parler en basque (ainsi qu’en espagnol et français quand même !), y compris pour les seconds rôles, et le scénario original bien ficelé. Projeté en avant-première dans différents festivals nationaux et internationaux, dont celui de Göteborg, ce film, inspiré à la base par des faits réels, et tourné en six semaines dans le secteur d’Hendaye, Irun et San Sebastian, intrigue, fait réfléchir bien entendu sur le sujet de l’immigration, bref, vaut le détour.