Leurs enfants après eux

• Paul Kircher
• Ludivine Sagnier
• Angelina Woreth
• Sayyid El Alami
• Gilles Lellouche
• Louis Memmi
• Christine Gautier
• Anouk Villemin

Le nouveau film des tout jeunes frères jumeaux Ludovic et Zoran Boukherma est une gageure : l’adaptation à l’écran du roman éponyme de Nicolas Mathieu, Prix Goncourt 2018. Les réalisateurs ont quitté le sud-ouest dont ils sont originaires pour nous embarquer dans les Vosges, plus particulièrement durant quatre étés de 1992 à 1998, à la rencontre d’Anthony (Paul Kircher) et son cousin (Louis Memmi), deux ados désœuvrés pendant la canicule de l’été qui au bord d’un lac font la connaissance de deux jeunes filles, Clémence (Anouk Villemin) et surtout Steph (Angelina Woreth), dont Anthony tombe immédiatement raide dingue. Impossible de résister à l’idée de les retrouver pour une soirée : à l’insu de son père réputé violent (Gilles Lellouche), Anthony  emprunte sa moto de collection pour s’y rendre. Mais le lendemain de la fête, la moto a disparu et la vie d’Anthony bascule.
Pour ma part, je n’ai pas lu le roman de Nicolas Mathieu, il m’est donc difficile de dire si l’adaptation est fidèle ou pas. Pour autant, j’ai cru comprendre qu’outre le récit d’une histoire d’amour improbable entre deux jeunes gens pleins de charme, le livre avait pour fond un malaise social et l’analyse sociétale qui en découle dans un contexte de crise économique liée à l’effondrement de la sidérurgie dans cette région. Si le scénario de ce film présente quelques similitudes avec celui de ‘l’amour ouf’ qui se déroulait dans le Nord également sinistré à la même époque, force est de constater qu’à part quelques prises de vue – plutôt jolies- sur les hauts fourneaux éteints qui dorment dans la région, l’histoire manque cruellement de force en la matière puisqu’il n’y a guère de scènes vivantes pour aborder le sujet.
Par ailleurs, le film pâtit d’une bande originale trop présente avec l’utilisation sans modération de nombreux tubes des années 90 qui finissent par éclipser l’émotion, malgré le talent des jeunes acteurs, Paul Kircher s’avérant plutôt convaincant, face à une Angelina Woreth certes séduisante mais dont le rôle aurait mérité d’être creusé davantage. Autres points étonnants : la scène parenthèse hyper violente autour du personnage de Raphael Quenard dont on ne comprend pas l’utilité et le scepticisme quant à l’interprétation de Gilles Lellouche dans ce rôle de père alcoolique et violent…
Un film au total un peu déconnecté et donc seulement à moitié réussi.