Les fleurs du silence (Lilies not for me)

• Fionn O’Shea
• Robert Aramayo
• Erin Kellyman
• Louis Hofmann
• Jodi Balfour
• Jacques Bessenger
• Gabe Gabriel
• Alexander Maniatis

Dès le début de « Les fleurs du silence », on a l’impression d’être plongé dans l’atmosphère feutrée des films de James Ivory, ce réalisateur américain aux influences très britanniques -. Car il est vrai qu’en découvrant ce premier long métrage de l’Anglais Will Seefried, on pense forcément un peu à « Chambre avec vue » ou « Maurice », avant de comprendre que la beauté des images de ces scènes de l’Angleterre des années 20 cache en fait une réalité beaucoup moins glorieuse : les atroces opérations chirurgicales pratiquées sur les homosexuels, administrées en guise de traitement pour guérison. C’est alors qu’on fait la rencontre de Owen James (Fionn O’Shea), un romancier homo, patient d’un hôpital psychiatrique que l’on comprend que l’histoire racontée est dramatique (le film est inspiré de faits ayant réellement existés). Bien qu’interné, il se lie d’une amitié improbable avec son infirmière, Dorothy (Erin Kellyman), présente à ses côtés dans le contexte des « rendez-vous » médicaux prescrits. Owen se confie à elle sur l’histoire de la relation intime qu’il a eue avec Philip (Robert Amarayo) un ami de longue date finissant ses études de médecine. Mais leur liaison a basculé après que les deux hommes se sont lancés dans une expérimentation à haut risque, visant à les « soigner » …

Certes, ce premier film qui comporte un peu trop de flashbacks doublés du récit progressif de l’écriture d’un roman aurait pu gagner en clarté si tout avait été mieux maîtrisé. Pour autant, on se laisse emporter par cette histoire magnifiquement filmée, d’abord par la façon très sensuelle de montrer avec pudeur et délicatesse les corps, mais aussi par les interprétations particulièrement convaincantes des acteurs centraux, qu’il s’agisse des amants comme de cette infirmière pleine d’attention et de tendresse pour ce « patient » …

« Les fleurs du silence » permet de rappeler à tout un chacun combien l’homophobie est restée longtemps présente et mise au ban des sociétés bien pensantes, puisque assimilée à une maladie psychologique à éradiquer. La force du film tient aussi pour beaucoup à l’association de moments de douceur et de poésie avec ces instants de barbarie recréant ces dramatiques et intolérables thérapies de conversion. A découvrir !