Les Aigles de la République

• Fares Fares
• Lyna Khoudri
• Zineb Triki
• Amr Wacked
• Cherien Dabis
• Sherwan Haji
• Suhaib Nashwan
• Hassan El Sayed

Film en sélection Officielle Festival de Cannes 2025, en compétition

Après les excellents « le Caire confidentiel » (2017) et la « Conspiration du Caire »(2022), on attendait avec impatience le troisième volet du triptyque consacré à la capitale égyptienne. Cette fois Tarik Saleh frappe très fort – et très haut – en s’en prenant directement au pouvoir en place sous l’égide du général Al-Sissi, omniprésent au quotidien par ses portraits affichés partout dans les rues.

Cette fois, Tarik Saleh pour sa démonstration, utilise le milieu du cinéma égyptien, qui en son temps fut l’un des plus riches et puissants du Moyen Orient. Et son héros est George Fahmy ( l’incontournable mais toujours excellent Fares Fares), un acteur aux mœurs et à la pensée peu orthodoxes, enchaînant consommation d’alcool et liaisons féminines à haute dose, qui pourtant est le comédien le plus adulé d’Égypte :  une véritable star qui enchaîne les tournages et dont les films font exploser le box-office…Jusqu’au jour où sous une pression politique de plus en plus pressante, on lui demande – impose – de tourner un film à la gloire du Président Al- Sissi, en l’incarnant purement et simplement, dans les années le menant à l’accession au pouvoir…Contraint d’accepter contre son gré sous peine de représailles, Fahmy intègre formellement le cercle restreint des personnalités du pouvoir, même s’il représente tout ce qu’il abhorre…Cercle au sein duquel exerce le Ministre de la Défense, mais aussi Suzanne (Zineb Tiki), sa séduisante épouse…

Même si on peut bien sûr considérer que « les Aigles de la République » rend un bel hommage au cinéma égyptien, ce qui pourrait se contenter d’être une simple satire du pouvoir se transforme vite en réel film d’espionnage, dès lors qu’on fait la rencontre de l’énigmatique et peu sympathique Dr Mansour (Amr Waked). « Les Aigles de la République » révèle le côté masqué d’un pouvoir dictatorial sans équivoque et sans pitié qui tente de redorer son blason par le truchement d’un film de propagande outrancier :  il fait même une totale abstraction de l’absence de ressemblance physique entre le Président et l’acteur qui l’incarne. On ne peut que saluer le brio du scénario concocté par Tarik Saleh, même si son côté ‘film dans le film’ qui complique sérieusement l’intrigue et le choix de seconds rôles sous-utilisés – tel celui de Lyna Khoudri – sont un peu décevants.

Il n’empêche que ce dernier volet de la trilogie, un thriller sans complexe, même si moins prenant que « la Conspiration du Caire » se laisse voir sans déplaisir aucun, avec la sensation d’avoir été durablement immergé dans le milieu des hautes sphères de la ville du Caire et les arcanes bien glaçantes d’un pouvoir en place.