6 Juin, 2025

L’enfer d’Henri-Georges Clouzot

Synopsis

En 1964, Henri-Georges Clouzot choisit Romy Schneider, 26 ans, et Serge Reggiani, 42 ans, pour être les vedettes de L’Enfer. Un projet énigmatique et insolite, un budget illimité, un film qui devait être un « événement » cinématographique à sa sortie. Mais après 3 semaines de tournage, le drame. Le projet est interrompu, et les images que l’on disait « incroyables » ne seront jamais dévoilées. Ces images, oubliées depuis un demi-siècle, ont été retrouvées et elles sont plus époustouflantes que la légende l’avait prédit. Elles racontent un film unique, la folie et la jalousie filmées en caméra subjective, l’histoire d’un tournage maudit et celle d’Henri-Georges Clouzot qui avait laissé libre cours à son génie de cinéaste.

Jamais Romy n’a été aussi belle et hypnotique. Jamais un auteur n’aura été aussi proche et fusionnel avec le héros qu’il a inventé.

Serge Bromberg et Ruxandra Medrea réussissent ici une « recomposition » de l’oeuvre disparue, créant un nouveau film qui raconte l’histoire de ce naufrage magnifique et qui permet au projet d’exister enfin.

L’enfer d’Henri-Georges Clouzot

Informations

Par Serge Bromberg & Ruxandra Medrea

Sortie en 2009

Casting

  • Romy Schneider
  • Serge Reggiani
  • Bérénice Béjo
  • Catherine Allégret
  • Gilbert Amy
  • Jean-Louis Ducarme
  • Thi Lan Nguyen
  • Jacques Gamblin

Mon Commentaire

C’est dans le cadre du Festival BD en Bastide (du 27 au 29 juin prochain, au Cinéma Le Lux -Louis Delluc, au Buisson – Dordogne) que va être programmé « l’enfer d’Henri Georges Clouzot », documentaire signé Serge Bromberg & Ruxandra Medrea, initialement sorti en salles en 2009. Film ô combien passionnant, d’abord parce que Clouzot enchaîne les gros succès au cinéma depuis plusieurs années et que « L’enfer », tourné en 1964, n’est jamais sorti en salles, puisque jamais achevé par le réalisateur. Celui-ci a fait l’objet d’une crise cardiaque quelques jours avant la fin du tournage…

Pour ce film au budget illimité (!!!) qui se devait de marquer le public par sa conception insolite, Henri Georges Clouzot avait réuni deux grands acteurs du début des années 60 : d’une part, Romy Schneider, particulièrement lumineuse et espiègle, qui fait face à Marcel Prieur alias Serge Reggiani, un autre grand comédien – et déjà chanteur réputé par ailleurs… Le thème du film n’est d’ailleurs pas sans rapport avec l’état d’esprit de Clouzot de l’époque, qui sort d’une dépression nerveuse malgré son récent remariage avec Inès de Gonzalez (Véra Clouzot, sa première épouse est morte en 1960) : la jalousie maladive. Jalousie de Serge Reggiani vis-à-vis de sa ravissante et charmeuse épouse Romy, au point d’atteindre des accès de folie digne d’un vrai psychopathe. Des 35 heures de rush retrouvées sont ressorties de très nombreuses scènes de tournage – muettes, puisque le son à l’époque n’était rajouté qu’en post-production – où apparaissent bien évidemment les acteurs mais aussi Clouzot lui-même, qui parfois demande l’énième enregistrement d’une même scène…Tout ceci fait l’objet de commentaires de quelque membres de l’équipe encore vivants -en 2009- et qui se souviennent des bons comme des mauvais moments, notamment illustrés par les exigences maniaques d’un Clouzot qui parfois semble comme illuminé. D’autant que les journées de Clouzot sont longues : insomniaque, il tourne et fait tourner parfois 16 heures durant, au grand dam des membres de ses équipes : trois caméramans disposant chacun d’une équipe complète de techniciens…

Il faut dire de plus que les effets spéciaux sont utilisés en quantité, signés Vasarely ou Yvaral, et qu’à cette époque, celle des émissions de télé signées Jean Christophe Averty ou des magazines Dim Dam Dom fleurissent et apportent un renouveau visuel radical…

Afin de rendre le film plus contemporain, malgré un thème universel et qui ne peut vieillir, certaines scènes sont réinterprétées par Jacques Lamblin (dans le rôle de Marcel) et Bérénice Béjo (Odette), afin de prouver l’universalité du propos…

C’est en 1994 que Claude Chabrol signera sur le même thème son propre film « l‘Enfer » en reprenant l’idée de Clouzot, avec François Cluzet et Emmanuelle Béart dans les rôles principaux.

Une chose est certaine : si le scénario est minutieusement préparé, le réalisateur commence à être dépassé par sa quête artistique, au point de perdre pied. Ce documentaire constitue une preuve tangible de la maestria de Clouzot tout comme de son perfectionnisme frôlant la maniaquerie insupportable et de ce fait est incontournable pour tous les cinéphiles.

Le verdict

16/20

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