Le dossier Maldoror

• Anthony Bajon
• Alba Gaia Bellugi
• Alexis Manenti
• Sergi López
• Laurent Lucas
• David Murgia
• Béatrice Dalle
• Lubna Azabal

Comme beaucoup de nos amis belges, vous vous souvenez sans aucun doute de la terrifiante affaire Dutroux, restée depuis les années 90 comme un traumatisme dans de nombreux esprits. Si « Le dossier Maldoror », le nouveau long métrage réalisé par Fabrice du Welz s’en inspire fortement, ici le scénario mélange habilement l’horreur de la réalité à la fiction, même si rien ne parait édulcoré.

Charleroi, 1995. En Belgique, la police municipale, la gendarmerie et la police judiciaire sont en voie d’une profonde réorganisation au niveau national et ont cessé de collaborer sur les dossiers criminels, le film se focalise en particulier sur le personnage de Paul Chartier (Anthony Bajon), un jeune gendarme idéaliste et hypermnésique qui ne rêve que de justice. Lorsque disparaissent deux petites filles dans des conditions étranges, Chartier et son associé Catano (Alexis Manenti) sont d’office inclus par leur adjudant-chef Hinkel (Laurent Lucas) dans l’opération « Maldoror », qui est dédiée à la surveillance d’un suspect récidiviste Marcel Dedieu (Sergi López). Pourtant, le dysfonctionnement de l’administration constitue pour Chartier un vrai frein à l’enquête et face à l’urgence pour retrouver les fillettes, il se décide à agir seul en engageant contre l’avis de ses supérieurs et celui de sa jeune femme Gina (Alba Gaia Bellugi) une chasse à l’homme qui devient obsessionnelle…

Première remarque, il s’agit d’un film long (2h35) donc par là-même éprouvant, d’abord à cause du thème abordé, mais surtout d’une mise en scène rugueuse et nerveuse, accompagnée d’une bande originale parfois assourdissante. Certaines scènes semblent être comme sorties d’un film réalisé par David Fincher – on pense à « Seven » ou à « Zodiac » – ce qui est plutôt un compliment, auxquelles sont associées des passages tourbillonnants qu’on penserait émaner de Cimino ou Coppola, notamment les scènes du mariage du jeune Chartier, qui constituent un point d’orgue joyeux qui fait contraste dans ce film particulièrement glauque et violent. On peut néanmoins reprocher au « dossier Maldoror » quelques longueurs inutiles ainsi qu’un manque de crédibilité, notamment dans la dernière partie du film lors de la scène de chasse à l’homme de nuit.

Enfin, côté interprétation, Anthony Bajon sans le rôle du jeune gendarme idéaliste signe une partition sans faute et impressionne réellement, en mélangeant naïveté, fougue et paranoïa.  De son côté Sergi Lopez dans le rôle du meurtrier est certes peu présent mais suffisamment pour incarner tout ce qui est de plus vil et cruel…Mais certains seconds rôles comme ceux tenus par Béatrice Dalle ou Lubna Azabal manquent en revanche d’épaisseur…

Malgré tout, Fabrice Du Welz réalise l’exploit de nous présenter un thriller noir qui ne se contente pas de cibler un psychopathe, mais qui montre le complotisme régnant au plus haut niveau et aussi à quel point était corrompu un système qui s’est nourri de pédophilie.