L’agent secret (The secret agent)

• Walter Moura
• Gabriel Leone
• Maria Fernanda Cândido
• Alice Carvalho
• Thomas Aquino
• Carlos Francisco
• Udo Kier
• Hermila Guedes

Film vu en avant première, sortie le 17 décembre

Après l’ovation reçue au dernier Festival de Cannes et l’attribution du prix du Meilleur Acteur Masculin à Walter Moura, on attendait avec impatience la sortie de « l’agent secret », l’histoire en 1977 de Marcelo (Walter Moura), la quarantaine, qui rentre après une longue absence dans sa ville natale de Recife, pour y retrouver son fils et se construire une nouvelle vie. Malgré l’ambiance du carnaval en cours, Marcelo se rend compte qu’autour de lui se multiplient les menaces de mort…

Après l’excellent « Je suis toujours là » de Walter Salles (2024), le cinéma brésilien revient donc sur la période de dictature brésilienne des années 70 – elle a duré jusqu’en 1985 – : le réalisateur Kleber Mendonça Filho a choisi de raconter cette période par le biais d’un thriller, dont les premières scènes – géniales dans leur traitement décalé, mais violent et à l’humour grinçant – font indubitablement penser au style de Tarantino…Malheureusement, même si l’histoire est intéressante et le suspense garanti, la suite de ce long métrage n’est pas tout à fait à la hauteur : il faut d’abord rappeler que le film dure 2h40, et qu’il est découpé en trois chapitres de durées inégales, accentuant un sentiment de déséquilibre global et même de délayage…

Sans vouloir ‘divulgâcher’ le scénario du film, on est aussi surpris par le traitement de l’information par les media en place au service de la dictature, qui à force d’être certes caricatural en devient même grotesque : comment faire gober aux habitants de Recife que les assassinats perpétrés çà et là dans la ville sont le fait d’une ‘jambe poilue’ assassine au style débridé qui n’hésite pas à éliminer de façon violente toutes les personnes mises au ban de cette ‘société’ sous surveillance permanente?

En dehors de cette ‘’incongruité’ – ressentie de la même manière par de nombreux spectateurs qui assistaient à la projection – on ne peut bien sûr pas nier que le traitement du quotidien des habitants de Recife est plutôt bien fait, de même qu’est intéressante la façon dont l’histoire est construite pour nous ramener au XXIème siècle…

Enfin, si l’interprétation de Wagner Moura dans ce rôle d’opposant au pouvoir et d’homme à éliminer à tout prix est certes convaincante, était-elle suffisante pour lui décerner un prix d’interprétation à Cannes ?…

Au total, une certaine déception par rapport à mes attentes.