Kika

• Manon Clavel
• Ethelle Gonzalez Lardued
• Makita Samba
• Suzanne Elbaz
• Anaëlle Snoek
• Thomas Coumans
• Kadija Leclere
• Bernard Blancan

Film présenté à Cannes 2025, catégorie 64eme semaine de la critique

Pour son nouveau long métrage, la réalisatrice belge Alexe Poukine brise de nombreux tabous…Signalons d’abord que l’histoire qu’elle nous raconte se déroule à Bruxelles, capitale d’un pays où la prostitution est toujours décriminalisée.

Mais le point de départ, c’est Kika (Manon Clavel, impressionnante), une jeune femme assistante sociale de 27 ans, mère séparée d’une petite fille, qui va se trouver face à un gouffre du jour au lendemain. David (Makita Samba) son amant décède brutalement, et la voilà subitement sans aucune ressource, alors qu’elle est enceinte de lui…Après quelques initiatives vouées à l’échec, Kika se tourne vers le milieu des maisons closes, un business dont elle ignore pourtant tout.

« Kika » est un film déroutant : passées quelques ellipses très sèches autour du décès de son amant on se demande bien où Alexe Poukine veut nous emmener, même si les échecs de Kika ne sont pas tout à fait anodins. Il faut attendre presque la moitié du film pour découvrir l’échappatoire, les relations ‘SBDM’ auxquelles va s’entraîner cette assistante sociale dévouée devenue travailleuse du sexe…Pourtant, ce nouveau travail ne transparait à aucun moment dans le quotidien de cette mère aimante qui ne pense qu’à gagner de l’argent et se reloger dignement avec sa fille. Ce qui transparaît néanmoins de façon étonnante, c’est que si son travail de base consiste en l’apport de satisfaction sado maso basique des clients, il peut être amené à constituer une thérapie – de choc- mais contrôlable du patient atteint d’une maladie incurable, ou encore ex-victime de violences sexuelles depuis l’enfance…Étonnant donc !

Mais il faut souligner que même si le propos peut choquer, on n’assiste à aucun voyeurisme ni restitution filmée d’actes pornographiques.

« Kika » est porté par le jeu tout en nuances de son interprète Manon Clavel, qui sait passer de la vie de famille et amicale au monde de la domination, du monde où la violence peut être réparatrice de traumas et au contraire la douceur porter à pleurer. Un film plein d’émotions !