Ingeborg Bachman (Reise in die Wüste)

• Vicky Krieps
• Ronald Zehrfeld
• Tobias Rech
• Basil Eidenbenz
• Luna Wedler
• Marc Limpach
• Bettina Scheuritzel
• Renato Carpentieri

Margarethe Von Trotta poursuit son exploration des portraits de femmes célèbres, en nous proposant, après ceux de Anna Harendt et de Rosa Luxemburg, celui de la poétesse et romancière autrichienne « Ingeborg Bachmann », il est vrai très peu connue en France, disparue en 1973.

Plutôt que de procéder à une réalisation linéaire, Margarethe von Trotta a voulu cibler deux périodes très spécifiques de son héroïne, d’abord celle de sa rencontre et de sa vie de couple passionné à la fin des années 50 avec le célèbre écrivain suisse Max Frisch (Ronald Zehrfeld), puis son éloignement et ses confidences à un journaliste et jeune amant Adolf Opel (Tobias Rech), avec lequel elle partagera un voyage dans le désert, propice aux confidences et à une véritable renaissance de l’artiste. Elle quittera alors réellement les poèmes pour se consacrer à l’écriture de nouvelles, puis de romans. Il est d’ailleurs étrange que la réalisatrice ait choisi de passer sous silence l’ensemble de la vie avant cette période, d’autant qu’Ingeborg Bachmann a entretenu avec l’écrivain d’origine roumaine Paul Celan une abondante correspondance de 1948 à 1967, traduite en français en 2011, et qui constitue un sommet épistolaire en la matière…

On a l’impression que la réalisatrice a voulu limiter étrangement son film à la découverte de la partie de la vie la plus banale de la poétesse, en nous la présentant amoureuse et légère, toujours à la recherche de reconnaissance et conquêtes masculines, face à un Max Frisch amoureux mais ombrageux et jaloux. En dehors d’une vie très routinière basée à Zürich, seule est évoquée la passion de la poétesse pour la ville de Rome, là où elle travaille avec le compositeur allemand Hans Werner Henze (Basil Eidenbenz) ou encore à la traduction en allemand des poèmes de Giuseppe Ungaretti (Renato Carpentieri).

Dans le rôle de Ingeborg Bachmann, c’est une nouvelle composition sans faute de la comédienne Vicky Krieps, il est vrai toujours très à l’aise dans l’interprétation de ce genre de personnage. Belle interprétation également de Ronald Zehrfeld…Mais le film doit également beaucoup à la qualité de la photo, qu’il s’agisse des scènes tournées en Suisse comme de celles tournées dans le désert (le fameux ‘Wüste’ du titre original), dont la beauté est époustouflante et les cadrages somptueux.

On peut juste regretter le côté un peu trop lisse du film – mais il est vrai que les années de la vie de la poétesse portées ici à l’écran- ne sont pas les plus palpitantes, et les continuels et habituels flashbacks- flashforwards si courants dans ce genre de film qui parfois font perdre une idée de la chronologie des évènements. Mais comme Vicky Krieps irradie et donne envie de découvrir cette poétesse …