Deux procureurs

• Aleksandr Kuznetsov
• Aleksandr Fillipenko
• Anatolyy Belyy
• Andriss Keiss
• Vytautas Kaniusonis
• Sergey Podymin
• Valentin Novopolskij
• Ivgeny Terletsky

Du réalisateur ukrainien Sergei Loznitsa, on se souvient encore du glaçant film « Donbass »(2018) , mais avec son nouveau long métrage « Deux procureurs », il adapte, sous la forme d’un conte cruel et implacable, un texte, interdit pendant quarante ans, de Gueorgui Demidov, un scientifique russe envoyé au goulag. Nous voilà transposés en 1937, en Union Soviétique, dans la province de Briansk, dans une prison où l’on découvre que des milliers de lettres de condamnés accusés à tort par le régime de Staline sont brûlées patiemment par un des leurs dans une des cellules…Pourtant, l’une de ces lettres parvient à son destinataire, un procureur local, en l’occurrence le fraîchement diplômé Alexander Kornev (Aleksandr Kuznetsov), qui va se démener pour rencontrer son expéditeur, le prisonnier Stepniak (Aleksandr Fillipenko), ancien leader local du parti persécuté par les agents de la NKVD …Convaincu par les arguments de son interlocuteur, Kornev va entreprendre un voyage à Moscou pour faire part de sa découverte qui semble être liée à un dysfonctionnement du parti…

Tourné en format réduit 4/3, « Deux Procureurs » est un film pour lequel on ressent vite une impression physique et psychologique d’étouffement, dès les premières scènes où l’on suit le périple du jeune procureur au sein de cette prison qui ressemble à un labyrinthe interminable, surveillé en permanence par des garde-chiourmes innombrables tous détenteurs d’énormes trousseaux de clés. Forte impression de malaise pour ma part amplifiée par la salle parisienne exigüe et basse de plafond dans laquelle j’ai découvert le film…

Le film raconte donc le parcours héroïque de ce jeune idéaliste, et notamment par le détail tous les tourments qu’il rencontre face à une administration soviétique totalement formatée et hermétique…Malgré tout l’intérêt que l’on peut porter au sujet du film très fort et glaçant, à force d’austérité et de situations sinistres omniprésentes, on a tendance à se sentir parfois accablé, d’autant que la mise en scène chirurgicale pâtit d’une grande lenteur avec de très nombreux plans fixes. Certains sont néanmoins extrêmement réussis, comme celui de la salle d’attente où le jeune procureur patiente alors que ses voisins qui attendent avec lui est appelé un par un, soulignant l’impression que le temps est étiré dans toute sa splendeur.

A noter que les interprètes russes principaux du film avaient tous quitté la Russie après l’invasion de l’Ukraine en 2022, le reste de la distribution étant assurée par des acteurs lettons, lituaniens et russophones, et que les scènes de prison ont été tournées dans une ancienne prison de l’ère soviétique de Riga.