Animal Totem

• Samir Gesmi
• Olivier Rabourdin
• Solène Rigot
• Pierre Lottin
• Patrick Bouchitey
• Harpo Guit
• Gérard Boucaron
• Jonas Dinal

Sortie le 10 décembre

Je ne suis pas personnellement toujours un fan inconditionnel du cinéma de Benoît Delépine, dont l’humour décalé (« Mammuth », « Made in Groland », « Saint Amour », « Effacer l’historique », ou plus récemment « Dada »…) – souvent trop poussé à mon goût – me laisse dubitatif.

Pourtant, la bande-annonce d’ « Animal Totem » m’a séduite : d’abord par la présence étonnante de Samir Gesmi, mais aussi du fait du format spécifique – jamais vu ! – choisi pour tourner ce film : un format XXL, 3.6 :1, à comparer avec le format Cinémascope de 2.5 :1 ! Autant dire que le film aura du mal à être diffusé à la télévision, et même dans certaines salles de cinéma non équipées…Format particulièrement étrange mais magnifiquement exploité dans le suivi du périple de Darius (Samir Gesmi), arborant un costume cravate, avec au bout de sa main une valise à roulettes attachée par une menotte ! Tout ce que l’on sait, c’est qu’en arrivant à l’aéroport de Beauvais, Darius s’est fait voler son portefeuille avec tous ses papiers…Pour se rendre à un mystérieux rendez-vous à la Défense, il n’a guère d’autre choix que de marcher.

Le format si particulier confère à la région Nord Picardie – région natale de Benoît Delépine – une élégance et une beauté insoupçonnée. Du coup, à de nombreuses reprises, on voit Darius lors de son périple sortir littéralement de l’écran, comme s’il venait vers le spectateur…Son parcours est truffé de rencontres étranges donnant lieu à des saynètes surprenantes et souvent drôles, d’autant que Darius est suivi à travers les yeux de multiples animaux, de la mouche au poisson rouge en passant par le cerf ,le chien, l’abeille ou le papillon…Mais jamais Darius ne se sépare de cette valise dont le contenu est inconnu, et bien entendu on se demande quel est l’interlocuteur du rendez-vous fixé, et le but de sa mission, dont on comprend au fil du périple qu’elle est mue par un combat écologique…

Ne manquez sous aucun prétexte cette comédie grinçante, particulièrement originale et drôle qui traite de pollution et d’altermondialisme, d’autant que le film, dont certains passages font penser à du Jacques Tati donne aussi l’occasion de croiser de nombreux seconds rôles excellents, dont ceux d’Olivier Rabourdin parfaitement antipathique ou encore de Patrick Bouchitey, devenu très rare à l’écran. Et un surprenant Samir Gesmi génial !

De quoi vous faire radicalement changer d’avis sur le cinéma de Benoît Delépine qui s’est plié avec plaisir et humilité au jeu des questions-réponses à l’issue de la projection du film, toujours au 34^ème festival de Sarlat.