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Nouvelle semaine endeuillée, à proximité, et ailleurs dans le monde du cinéma …

Les chroniques de « Bobines et Papyrus » se suivent et se ressemblent souvent, puisqu’elles ont la fâcheuse habitude d’annoncer la disparition de personnes ayant occupé une place importante dans le monde du septième art …

Mais cette fois, mon cœur va particulièrement à la mémoire de Thierry, un ami très proche disparu tragiquement dans un banal accident de voiture ce lundi matin, alors que la météo était particulièrement pourrie, entre brouillard et trombes d’eau. Rapport avec le cinéma ? Ses avis précieux et avisés en matière de programmation pour le Ciné-Club Cinérama 24 que nous avons lancés avec son conjoint et associé Arnaud il y a bientôt 2 ans, sa fidélité à nos soirées mensuelles type ‘Le Masque et la Plume’ qu’il fréquentait assidûment, en attendant la projection de notre film surprise…Sans oublier de préciser qu’il savait concocter des recettes autour desquelles nous ‘débriefions’… C’est un grand vide qui s’est ouvert, nous pensons très fort à sa famille, ses amis d’ici et d’ailleurs, qui partagent ma tristesse…

Plus cinématographiquement parlant, cette semaine ce sont les cinémas allemand et algérien qui sont aussi endeuillés. Même si le nom de ces artistes ne vous sont peut-être pas si connus que cela, il est certain que leurs visages vous est familier.

D’une part, celui de Udo Kier, icône allemande du cinéma mondial, au regard bleu-acier qui faisait penser à la couleur des glaciers, qui est mort à 81 ans le 24 novembre, et qui était encore présent à Cannes en mai, pour le film L’Agent secret de Kleber Mendonça Filho, film qui a offert à Wagner Moura le prix d’interprétation masculine cette année au Festival (sortie le 17/12).

Udo Kier, proche d’Andy Warhol, a fait une entrée pour le moins remarquée dans le 7e art au début des années 70. C’est grâce au célèbre peintre et à Paul Morrissey qu’il débute sa carrière avec deux œuvres loin d’être anecdotiques : Chair pour Frankenstein (1973) et Du sang pour Dracula (1974), des ‘remake’ explosifs et provocateurs de deux classiques de Hollywood. Il est immédiatement porté au statut d’icône, et s’oriente ensuite vers le cinéma européen : il tournera trois films avec Rainer Werner Fassbinder, dans La Femme du chef de gare, puis La Troisième Génération ou encore Lili Marleen.

C’est aussi à Berlin que sa route croisera celle de Gus Van Sant, jeune réalisateur américain qui l’aidera grandement à acquérir le précieux sésame américain. Ce sera My Own Private Idaho, avec Kier donnant la réplique à River Phoenix et Keanu Reeves. Puis ce sera Hollywood, avec des choix assez éclectiques Ace Ventura, détective chiens et chats, Armageddon, Blade…On le retrouve même dans le clip ‘Erotica’ et ‘Deeper and Deeper’ de Madonna !

Puis les années suivantes vont porter la marque de Lars Von Trier, avec lequel il apparaîtra dans « Europa », puis dans Breaking the Waves puis Dancer in the Dark et aussi Dogville, ou Melancholia et Nymphomaniac.

Un artiste complet au profil complexe et aux rôles souvent imprévisibles…

Et de l’autre, outre Méditerranée, la disparition de l’actrice d’origine algérienne Baya Bouzar, plus connue sous le pseudo Biyouna, qui s’est éteinte à l’âge de 73 ans.

Musicienne, danseuse et actrice, elle était devenue un phénomène national en Algérie grâce à sa gouaille et à son humour ravageur. À Alger, sa disparition fait écho à une autre douleur, celle d’un cinéma national à l’agonie. C’est grâce au réalisateur Nadir Moknèche qu’en 1999 elle quitte l’Algérie où elle tourne depuis de nombreuses années pour tourner au Maroc dans « Le harem de madame Osmane », puis ce sera « Viva Laldjérie », puis en 2007 « Délice Paloma », puis de nombreux rôles avec différents metteurs en scène , dont La source des Femmes de Radu Mihaileanu (2011), mais aussi Les Trois Frères : le retour  (2014) de Bernard Campan & Didier Bourdon, Neuilly, sa mère (2017) de Gabriel-Julien Laferrièrele flic de Belleville  de Rachid Bouchareb (2018)…